Révolution énergétique aux Îles

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© Olivier Pierson
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La pétro-dépendance des Îles-de-la-Madeleine tire à sa fin. En attendant le raccordement au réseau national d’hydroélectricité, prévu pour 2025, les Madelinots ne restent pas les bras croisés : l’archipel a déclaré la guerre aux gaz à effet de serre.

Depuis avril, un système de récupération de la chaleur de la centrale thermique de l’île a permis à son Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de mettre ses vieilles chaudières au chômage. Résultat : non seulement l’hôpital de l’archipel économise des centaines de milliers de dollars annuellement, mais il limite son empreinte carbone. « On évite l’émission de 1500 tonnes de CO2, ce qui correspond à quelque 450 véhicules en moins sur les routes par année », affirme Carl Leblanc, directeur des services techniques.

C’est désormais la centrale thermique des Îles, située à moins de deux kilomètres, qui couvre les besoins énergétiques de l’établissement de Cap-aux-Meules ainsi que ceux du CHSLD voisin. Plusieurs mois de travaux – et quelques défis à surmonter – auront été nécessaires pour concrétiser ce projet de 4 millions de dollars, poursuit Carl Leblanc. Pour créer le circuit souterrain qui amènera la chaleur, il a notamment fallu obtenir l’autorisation d’une douzaine de propriétaires riverains. « Leur collaboration a été très bonne, ç’a été le point gagnant de ce dossier! », dit-il.

D’ici la fin de l’année, l’eau de l’hôpital pourra aussi être chauffée à partir de la chaleur perdue de la centrale thermique des Îles-de-la-Madeleine, la plus polluante des 24 installations de ce type gérées par Hydro-Québec.

La centrale thermique de Cap-aux-Meules sera mise en dormance en 2025. © Hydro-Québec
D'ici là, elle fournira en chaleur l'hôpital de l'archipel et le CHSLD qui ont remisé leurs chaudières. © Olivier Pierson

Montrer l’exemple

Totalement dépendantes des hydrocarbures pour la production d’électricité, les Îles-de-la-Madeleine engloutissent annuellement 81 000 tonnes de carburants fossiles (mazout, essence, etc.) pour subvenir à leurs besoins énergétiques. Mais le règne du pétrole achève : Hydro-Québec prévoit achever en 2025 un projet qui consiste à alimenter l’archipel en hydroélectricité par câbles sous-marins depuis la Gaspésie.

Mais l’hôpital des Îles n’a pas attendu cette date butoir pour limiter sa production de gaz à effet de serre (GES). Carl Leblanc se montre d’ailleurs particulièrement loquace lorsqu’il parle des mesures d’économie d’énergie prises depuis une dizaine d’années par le CISSS des Îles-de-la-Madeleine. De l’achat d’une quinzaine de véhicules électriques au remplacement du lave-vaisselle du service alimentaire, l’établissement a contribué à alléger l’atmosphère, fait-il valoir.

Les voitures électriques du CISSS sont mises à la disposition des infirmières, des travailleurs sociaux et des préposés aux bénéficiaires. © Olivier Pierson

Et il est loin d’être le seul. En septembre dernier, un forum sur la transition énergétique a réuni 240 participants à Cap-aux-Meules. Au programme : des discussions sur les microréseaux et les énergies renouvelables pouvant se substituer au mazout de façon sporadique. Énergie solaire, éoliennes, géothermie… Selon Richard Lagrange, responsable des 22 réseaux autonomes chez Hydro-Québec, ces microréseaux pourraient produire de l’électricité et la stocker à l’aide de batteries de grande capacité, par exemple.

La mise en place de microréseaux est l’occasion de positionner l’archipel comme une vitrine énergétique, estime le maire des Îles, Jonathan Lapierre. « On veut devenir des leaders dans ce domaine et profiter de la transition énergétique pour développer de nouvelles connaissances », insiste l’élu.

L’administration municipale des Îles-de-la-Madeleine met d’ailleurs en place une batterie de mesures et d’actions pour réduire les GES, comme la conversion au LED de l’éclairage public et la réduction de la fréquence de collecte des matières résiduelles. Sa stratégie énergétique 2017-2025 prévoit en outre l’amélioration du transport collectif et l’évaluation de la faisabilité d’un service d’autopartage. L’été dernier, elle a aussi mis sur pied un service d’accompagnement afin que les citoyens qui souhaitent entreprendre des travaux de construction ou de rénovation résidentielle maximisent les mesures d’efficacité énergique.

Deux éoliennes en 2019

À compter de 2025, le raccordement de l’archipel au réseau national d’hydroélectricité permettra de diminuer les GES produits sur l’île d’environ 94 %, selon Hydro-Québec. Mise en dormance, la centrale thermique de Cap-aux-Meules pourra être redémarrée en cas de problème sur la ligne de distribution sous-marine.

La grande quantité d’énergie qui sera alors mise à la disposition des Madelinots – 80 mégawatts – ouvrira de nouveaux horizons, notamment en ce qui concerne l’électrification des transports, précise Richard Lagrange.

D’ici là, deux éoliennes pouvant produire 6,4 mégawatts devraient être mises en service à l’automne 2019 dans le secteur de la Dune-du-Nord. Elles permettront de diminuer la dépendance de la centrale au mazout et de réduire de 13 % les émissions de gaz à effet de serre, selon Hydro-Québec.

Responsable du dossier des Îles-de-la-Madeleine chez Transition énergétique Québec, Mathieu Payeur croit qu’un des grands défis du virage énergétique des Îles sera l’adhésion des Madelinots. « Il faut que tout le monde change ses habitudes », dit-il. Ça semble plutôt bien parti…

Selon le dernier inventaire des émissions de GES au Québec, la centrale thermique des Îles-de-la-Madeleine émet près de 130 000 tonnes d’équivalent CO2 par année, soit environ 300 fois plus que si l’hydroélectricité du réseau québécois était utilisée. Les émissions associées au transport routier, quant à elles, atteignent 65 000 tonnes de GES, et celles provenant de la gestion des matières résiduelles en rajoutent environ 3500, selon l’inventaire de 2012 de la municipalité. En somme, on peut associer à chaque Madelinot la production de 16 tonnes de GES annuellement. La moyenne de la population québécoise est de 9,9 tonnes.