Dossier spécial : Compost mortem

Trempé jusqu’aux os

Illustration aquamation
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@Iris Boudreau
Created with Lunacy 3 min

Avec l’aquamation – ou crémation par l’eau –, vous pouvez être vert jusqu’au bout du tunnel. Une technique de disposition des corps 160 fois moins polluante que l’incinération habituelle par le feu.

« Il faut être motivé en câline pour choisir le feu à 1 200 degrés quand tu peux choisir l’eau à 96 ». Éric Le Sieur sait de quoi il parle : il est l’heureux propriétaire du premier salon à avoir utilisé l’aquamation au Québec. L’aquamation, un drôle de mot pour qualifier une nouvelle technique consistant à plonger le corps du défunt dans un bassin d’eau et de substances alcalines, comme le sodium et le potassium. Comment ça marche? Ces substances basiques font augmenter le pH de la solution, ce qui entraîne la décomposition des tissus de l’organisme en fines particules qui sont rejetées dans l’eau du bassin. Au terme du processus, il ne reste que le squelette du défunt qui sera réduit en poudre, puis remis à la famille. L’eau utilisée pour ce processus correspondant à environ un ou deux jours de la consommation quotidienne d’un individu. Avant d’être retourné aux égouts, on ajoute environ un kilogramme de CO2 aux eaux usées pour abaisser son pH, prévenant ainsi les risques d’incident, puisqu’une eau au pH élevé peut entraîner des brûlures.
Dessin d'une dispositif d'aquamation
Processus d'aquamation funéraire © Wikipédia

Formule gagnante

« Il n’y a personne qui choisit la crémation parce qu’il veut être brûlé, mais simplement parce qu’il ne veut pas être enterré », explique le vétéran du milieu, qui célèbre sa 27e année de carrière. Selon lui, c’était essentiellement le manque d’altermatives à l’enterrement qui poussait les gens à choisir l’incinération.

Et la nouvelle formule remporte un franc succès : depuis 2 ans, environ 450 aquamations ont été réalisées dans ce salon de Granby. Le propriétaire affirme que 99 % des personnes qui désiraient utiliser la crémation optent désormais pour sa version aquatique. Sa popularité est telle que des personnes affluent d’aussi loin que Baie-Comeau et Sept-Îles pour avoir accès à ce type de services : « Si tout le monde, dans chaque foyer, connaissait ce que c’est l’aquamation, je ne fournirais pas à la demande! »

Ces aquamations génèreraient 72 000 kg de CO2 en moins dans l’atmosphère comparativement à la crémation traditionnelle par le feu.

Comparatif entre l'aquamation et la crémation en termes d'émission de CO2

Plombages toxiques

L’aquamation apporte un vent de fraîcheur sur une industrie jusqu’alors plutôt nocive pour la planète. L’incinération et l’inhumation, les deux techniques les plus répandues au Québec, sont très dommageables pour l’environnement.

L’incinération est la méthode la plus utilisée au Québec. Celle-ci consiste à incinérer le corps du défunt dans un four chauffé entre 1 000 et 1 200 °C, puis à en récupérer les os qui sont réduits en poudre. Ces cendres peuvent alors être remises aux proches qui les mettent dans une urne ou encore les disposent dans la nature. L’incinération d’une seule personne dégage environ 160 kg de CO2, selon une étude de la faculté de médecine de l’Université de Melbourne. S’ajoute à ce bilan le dégagement de substances toxiques, comme le mercure qui provient de la combustion des plombages dentaires pendant le processus d’incinération.

L’incinération génère autant de gaz à effets de serre qu’une voiture qui roulerait sans arrêt pendant un peu plus de six heures.

L’incinération au Québec était utilisée pour disposer d’environ 72 % des corps en 2016, selon une étude de la Corporation des thanatologues du Québec. La province se classe première au pays, loin devant la moyenne canadienne qui affichait en 2011 un taux d’incinération de 59 %, selon un rapport de la Cremation Association of North America.

L’inhumation quant à elle peut sembler une méthode plus verte que l’incinération, puisqu’un corps enterré dégage 39 kg de CO2, soit 4 fois moins que la crémation. Par contre, en comptabilisant les impacts environnementaux des années d’entretien du terrain, et en tenant compte des produits et de l’eau nécessaire au nettoyage de la stèle tombale, l’inhumation dégagerait, au cours des années, 10 % plus de CO2 que la crémation, affirme une étude de l’Université de Melbourne. Le CO2 généré est principalement dû aux produits chimiques aseptisants injectés dans le corps afin de prévenir sa dégradation, mais aussi aux matériaux transformés, par exemple le bois verni, utilisés pour le cercueil. Des dérivés de formols, utilisés pour maintenir l’apparence des tissus du défunt lors de l’embaumement, sont, eux aussi, des substances hautement toxiques et polluantes.