Dossier spécial : Les villes en mode solution , partie 4

Vers des villes plus résilientes

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©Stephanie Braconnier / Shutterstock
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Retombées positives générales

Les municipalités sont aux premières loges de la gestion des répercussions des changements climatiques. S’adapter est non seulement une nécessité vitale, mais aussi un bon prétexte pour proposer un urbanisme plus durable.

Les villes québécoises seront (et sont déjà) confrontées aux conséquences du réchauffement. En été, les canicules, plus longues et plus fréquentes, seront amplifiées par les phénomènes d’îlots de chaleur. L’hiver verra davantage d’épisodes de verglas, dommageables pour les infrastructures et les propriétés. Et puisqu’on s’attend à des précipitations plus abondantes, des inondations seront à craindre, qu’elles soient dues au débordement de rivières ou au ruissellement de l’eau sur de grandes surfaces asphaltées ou bétonnées.

Depuis quelques années, de nombreuses villes ont recours au verdissement pour contrecarrer ces problèmes. Ainsi, les ruelles vertes apportent une fraîcheur bienvenue l’été à Montréal et à Québec. La végétalisation de surfaces autrefois minéralisées remplit le même rôle, en plus de capter les précipitations et de leur permettre de s’infiltrer dans le sol.

Ces « infrastructures vertes » ont l’avantage de se bonifier avec le temps, note Maxime Fortin Faubert, chercheur boursier de la Fondation David Suzuki qui a publié trois études cette année afin d’inciter les municipalités à agir pour s’adapter aux changements climatiques : « Plus un arbre vieillit, plus il capte d’eau et de CO2, et plus il a un effet significatif sur la réduction des températures. À l’inverse, le béton finit par craquer et coûter cher en entretien. »

Dans les zones côtières de l’est du Québec, en proie à l’érosion, la tendance est également à imiter la nature en rechargeant les plages avec du sable, parfois en utilisant des plantes pour éviter que ce dernier ne soit emporté par les vagues. Privilégiés dans le passé, les murs de protection en béton et les enrochements ont montré leurs limites : ils déplacent, voire aggravent le problème.

En 2015, 26 % des gens qui habitaient en zone inondable ne le savaient pas. On aurait pu s’attendre à ce que ce taux baisse à la suite des inondations qu’il y a eu depuis, mais c’est l’inverse : en 2019, il était de 35 %! Pierre Valois, directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques

On s’adapte dès qu’on commence à y penser

S’adapter, c’est avant tout chercher à limiter les vulnérabilités, c’est-à-dire les dommages potentiels en cas d’aléa climatique. Cela se fait notamment en prenant en compte la possibilité d’événements météorologiques toujours plus colossaux lors de la conception d’une route ou d’un quartier résidentiel, et en actualisant ces connaissances pour le bâti existant.

Malheureusement, au Québec, cela n’est pas (encore) systématique, constate le directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) à l’Université Laval, Pierre Valois : « En 2015, 26 % des gens qui habitaient en zone inondable ne le savaient pas. On aurait pu s’attendre à ce que ce taux baisse à la suite des inondations qu’il y a eu depuis, mais c’est l’inverse : en 2019, il était de 35 %! »

Sur une note plus positive, un grand nombre de municipalités font de l’adaptation aux changements climatiques sans même s’en rendre compte, explique Johann Jacob, doctorant en mesure et évaluation au sein de l’OQACC. « Si vous réfléchissez à faire une cartographie des zones inondables, ou si vous avez envoyé le personnel municipal suivre une formation sur l’aménagement durable du territoire, vous êtes déjà engagé dans une démarche d’adaptation. »

Les changements climatiques apporteront d’autres ennuis qu’on pourrait présumer ne pas être de compétence municipale, remarque Pierre Valois : « La période de pollinisation, qui cause des allergies, dure maintenant quasiment quatre mois, contre deux autrefois. Avant, il n’y avait pas de maladie de Lyme, mais les tiques ont migré vers le nord… » L’OQACC recommande de prendre en compte ces nouvelles réalités dans la conception des parcs, par exemple en plaçant les modules de jeu à l’écart des terrains boisés ou en retirant la végétation en bordure des sentiers de marche.

« En plus des rues, parcs et bâtiments publics, les municipalités peuvent aussi régir l’espace privé, notamment en adoptant une réglementation d’urbanisme qui encadre ce que les propriétaires peuvent faire sur leur terrain », ajoute la conseillère en aménagement et urbanisme pour Vivre en ville, Catherine Perras. Cela peut passer par l’adoption de normes de verdissement sur les terrains privés, ou l’imposition de certains matériaux de construction, comme les toits blancs, qui contribuent à réduire les îlots de chaleur.

Des résistances de toutes sortes

S’adapter est un réel impératif, puisqu’inondations et canicules menacent la sécurité de la population, aussi bien physique que mentale. Sur le plan financier, les coûts des dégâts causés par les changements climatiques sur des structures mal conçues deviendront à terme tout simplement prohibitifs.

C’est aussi la qualité de vie qui est en jeu : lorsqu’on doit démolir des maisons menacées par les inondations en Beauce, c’est toute une vie de quartier qui disparaît. « À Scott, il y avait un café et un dépanneur qui n’existent plus aujourd’hui et n’ont pas été réinstallés ailleurs », témoigne Catherine Perras.

Cela dit, l’adaptation n’est pas toujours un exercice évident. « Certaines problématiques, comme les inondations, sont régionales, puisque les bassins versants ne s’arrêtent pas aux limites des municipalités », souligne la conseillère de Vivre en ville. Il peut donc être vu comme futile d’agir si les villages voisins ne le font pas…

De plus, la rigidité des structures municipales est handicapante : les services de l’urbanisme, des travaux publics et des loisirs travaillent en vase clos, chacun avec son budget, alors que « les projets d’adaptation vont être multidisciplinaires par définition », rappelle Catherine Perras. S’il y a de plus en plus d’expertise sur le sujet (provenant notamment du consortium de recherche Ouranos et du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques), une petite municipalité peut éprouver quelques difficultés à obtenir des données sur les changements climatiques sur le plan ultralocal.

Réalité plus terre-à-terre encore : un conseil municipal doit toujours jongler avec des urgences et rencontrera souvent de l’incompréhension au moment d’engager des dépenses importantes pour faire face à une menace dont l’échéancier est flou. « Mettre ces questions à l’ordre du jour peut être un défi, car même si les gens se disent pour l’environnement, ils ne veulent pas que ça leur coûte trop cher en taxes, soutient Johann Jacob, avant de tempérer. Cela va peut-être changer à mesure que la préoccupation des électeurs grandira. » La campagne municipale actuelle est assurément l’occasion de le démontrer.

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