Pas capable est mort

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23 mars 2018 - Anne-Sophie Gousse-Lessard, Docteure en psychologie sociale et environnementale

Récemment, en revenant de la garderie avec les enfants, j’ai eu droit à la crise no 375 d’inertie infantile. Je regardais mon grand garçon étendu sur le sol, les bras en étoile, mou, immobile. Il n’avait aucune intention de bouger sans mon aide parce que, disait-il, il n’était « PAS PACABLE » de se déshabiller seul. C’est alors que je me suis dit que c’était une excellente métaphore à la crise environnementale. (OK, c’est faux. À ce moment, je me suis surtout dit qu’il était manifestement capable et qu’il faisait juste son bébé).

N’empêche, le sentiment de compétence est une variable importante lorsqu’on s’intéresse à la motivation des gens.

Tout est dans la tête

Si vous êtes comme moi, en lisant les termes « sentiment de compétence », vous avez tout de suite pensé à Albert Bandura (Non? Je suis la seule?). Selon ce psychologue émérite, le sentiment de compétence réfère aux « croyances qu’une personne entretient à propos de ses capacités à organiser et à exécuter les actions requises ». Se sentir capable, c’est donc croire que l’on possède les ressources nécessaires (physiques, cognitives, affectives, financières, etc.) pour surmonter les possibles embûches à l’action. Ces croyances débouchent sur un jugement simple : est-ce que je trouve que le comportement est facile à effectuer ou non? Si la réponse est oui, il y a plus de chance que le comportement soit réalisé.

L’impression de contrôlabilité du comportement est également importante à considérer lorsqu’il est question de motivation à agir. Après tout, je peux bien croire que je suis capable de prendre l’autobus, mais s’il y a une grève des employé(es), ça ne dépend plus vraiment de moi.

Fait intéressant : nos croyances quant à nos capacités influencent davantage notre motivation à agir que nos compétences réelles (!). Ainsi, si on se croit incompétent(e), cela affectera fortement nos choix, nos efforts et notre persévérance face aux défis, et ce, même si on a techniquement les habiletés nécessaires (vous vous rappelez mon garçon?). Tout est dans la tête, quoi! Ou presque.

Mettre l’accent sur le « comment »

Premièrement, ce serait bien d’ajuster les messages de sensibilisation à l’échelle humaine. C’est bien beau vouloir sauver la planète entière, mais on risque de se sentir rapidement incapable. Il vaudrait mieux s’inspirer de la maxime de René Dubos, célèbre agronome et microbiologiste français : penser globalement, agir localement. Mettre l’accent sur le pouvoir-faire et le savoir-faire (et pourquoi pas le savoir-être) à l’échelle de nos maisons ou de nos quartiers augmenterait le sentiment de compétence de tout un chacun.

On nous dit aussi devoir manger local, utiliser les transports en commun ou actifs, composter, moins consommer… Peut-on être plus vague svp? Dans le concret de notre quotidien, plusieurs actions peuvent sembler trop difficiles : « Je ne sais pas comment aller à l’épicerie en autobus, j’y vais toujours en auto ».

Les messages devraient davantage mettre l’accent sur le « COMMENT faire », plutôt que sur le « quoi faire ».

Par exemple, au lieu de dire « Réduisez l’utilisation de plastique! », les campagnes de sensibilisation pourraient offrir plusieurs exemples de sous-comportements comme « en ayant toujours un petit sac en tissus sur vous », « en fréquentant les épiceries en vrac », « en préférant une gourde réutilisable à la bouteille d’eau à usage unique » ou « en demandant aux commerçants de réduire le suremballage ». Avec ces pistes de solutions concrètes, on se sent déjà plus capable, non?

Finalement, le recours à des rétroactions comportementales personnalisées (feedback) peut également être efficace pour augmenter la perception de compétence. Il s’agit d’accompagner la personne en temps réel dans ses efforts vers le changement de comportement.

Bravo! Vous avez réduit votre consommation d’eau de 10% cette semaine!

Pas facile de toujours se sentir compétent(e) face à l’étendue de la crise environnementale. Quand on me demande si on peut vraiment changer les choses, je réponds comme je le fais à mon garçon : « Pas capable est mort! Et comme dit toujours Bob le Bricoleur : Yes we can! ».

Crédit mattcantdraw.deviantart.com/art/Yes-We-Can-257260055