Du maïs à Kuujjuaq

Agriculture 2080_Kuujjuaq panorama
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Le climat de Kuujjuaq pourrait être similaire dans 60 ans au climat de Saint-Hyacinthe aujourd’hui! Quelles conséquences ces changements auront-ils sur l’agriculture? Comment le monde agricole peut-il s’y adapter? Tour d’horizon des impacts attendus et des mesures d’atténuation mises en place.

Les impacts

Période de croissance plus longue

Depuis 1971, la longueur de la saison de croissance a déjà augmenté dans une fourchette de 8 à 26 jours dans les régions agricoles nordiques du Québec (Côte-Nord, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi). Avec les températures qui augmenteront de 2,2 à 8 °C, selon les régions, la saison de croissance des plantes pourrait augmenter de 11 à 29 jours de plus, d’ici 2070.

Moins de gel

La période de gel pourrait de son côté subir une diminution comprise entre 12 et 34 jours d’ici 2070 selon les régions.

Plus de chaleur dans les champs

En agriculture, on utilise la mesure de degré-jour, qui représente «la différence entre la température moyenne d'un jour donné et une température de référence. Le degré-jour s'exprime en degré Celcius. Pour une période donnée, on additionne tous les degrés-jours quotidiens et on obtient ainsi le nombre de degrés-jours pour la période en question nécessaires pour évaluer la croissance des plantes. En pomiculture par exemple, on considère généralement que le pommier commence à croître après 60 degrés-jours et que la floraison se produit à 350 degrés-jours. Les pomiculteurs peuvent, à partir de cette information, déterminer les actions à poser» (Source : Météocentre). De 1971 à 2000, le bond est déjà spectaculaire sur la Côte-Nord où le nombre de degrés-jours est passé de 890 à 1 360. Pendant ce temps, il est passé de 1 204 à 1 674 en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. D’ici 2070, ce nombre devrait encore augmenter dans une fourchette comprise entre 195 et 535 degrés-jours.

Davantage d’eau!

Pour la majorité des régions du Québec, les scénarios climatiques projettent une augmentation des précipitations de 6 % à 17 % d’ici 2050 et de 7 % à 26 % d’ici 2080. Cette augmentation se fera sentir davantage en hiver.

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Moins de blé ou d’orge, plus de maïs et aussi plus d’insectes… d’ici 2080, la température moyenne devrait augmenter de 2,2 à 8 °C au Québec, occasionnant au passage quelques révolutions dans nos pratiques agricoles.

Le climat de Kuujjuaq pourrait être similaire dans 60 ans au climat de Saint-Hyacinthe aujourd’hui! Quelles conséquences ces changements auront-ils sur l’agriculture? Comment le monde agricole peut-il s’y adapter? Tour d’horizon des impacts attendus et des mesures d’atténuation mises en place.

Les impacts

Période de croissance plus longue

Depuis 1971, la longueur de la saison de croissance a déjà augmenté dans une fourchette de 8 à 26 jours dans les régions agricoles nordiques du Québec (Côte-Nord, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi). Avec les températures qui augmenteront de 2,2 à 8 °C, selon les régions, la saison de croissance des plantes pourrait augmenter de 11 à 29 jours de plus, d’ici 2070.

Moins de gel

La période de gel pourrait de son côté subir une diminution comprise entre 12 et 34 jours d’ici 2070 selon les régions.

Plus de chaleur dans les champs

En agriculture, on utilise la mesure de degré-jour, qui représente «la différence entre la température moyenne d'un jour donné et une température de référence. Le degré-jour s'exprime en degré Celcius. Pour une période donnée, on additionne tous les degrés-jours quotidiens et on obtient ainsi le nombre de degrés-jours pour la période en question nécessaires pour évaluer la croissance des plantes. En pomiculture par exemple, on considère généralement que le pommier commence à croître après 60 degrés-jours et que la floraison se produit à 350 degrés-jours. Les pomiculteurs peuvent, à partir de cette information, déterminer les actions à poser» (Source : Météocentre). De 1971 à 2000, le bond est déjà spectaculaire sur la Côte-Nord où le nombre de degrés-jours est passé de 890 à 1 360. Pendant ce temps, il est passé de 1 204 à 1 674 en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. D’ici 2070, ce nombre devrait encore augmenter dans une fourchette comprise entre 195 et 535 degrés-jours.

Davantage d’eau!

Pour la majorité des régions du Québec, les scénarios climatiques projettent une augmentation des précipitations de 6 % à 17 % d’ici 2050 et de 7 % à 26 % d’ici 2080. Cette augmentation se fera sentir davantage en hiver.

Agriculture 2080_Vaches troupeau
Ultimement, le réchauffement anticipé pourrait profiter aux producteurs laitiers. (© Guillaume Roy / Unpointcinq)

Plus de précipitations extrêmes

Selon les scénarios climatiques, les indices de précipitations abondantes et extrêmes devraient connaître des hausses significatives pour toutes les régions du Québec. Le consortium Ouranos prévoit que les précipitations extrêmes que l’on subissait tous les 20 ans, entre 1986 et 2005, surviendront tous les 7 à 10 ans vers 2046-2065.

Moins de neige au sol

Le nombre de jours avec des accumulations de neige au sol chutera dans une fourchette comprise entre 25 et 75 jours d’ici 2070, une diminution qui se fera principalement au printemps, lors de périodes de fonte hâtives.

 

Des gagnants et des perdants

 

 

 

Le maïs a commencé à faire son apparition dans les régions agricoles nordiques et il risque d’être encore plus présent au cours des prochaines décennies, alors que le nombre d’unités thermiques du maïs (UTM) devrait augmenter dans toutes les régions. Le soya devrait aussi continuer sa percée au nord.

L’augmentation de la période de croissance pourrait permettre aux producteurs de faire une coupe supplémentaire de fourrage, ce qui serait particulièrement bénéfique pour les producteurs de lait.

La hausse des températures, la baisse du couvert neigeux et les gels tardifs au printemps pourraient toutefois nuire aux plantes pérennes, comme le bleuet nain, et les plantes fourragères, comme la luzerne. Le blé et l’orge, deux cultures mieux adaptées à un climat plus frais, seront désavantagés.

Les sécheresses appréhendées pendant la saison de croissance pourraient affecter plusieurs cultures, notamment les céréales, les fourrages, la culture du bleuet nain et de la pomme de terre.

Agriculture 2080_Bleuets vertical
Le bleuet québécois sera directement affecté par la hausse prévue des températures. (© Guillaume Roy / Unpointcinq)

Les mesures mises en place

Mieux s’adapter…

Pour faire face aux évènements climatiques extrêmes, les agriculteurs peuvent adhérer à un programme d’assurance récolte de la Financière agricole. Mais pour minimiser encore davantage les impacts à long terme sur leurs récoltes, certains adoptent déjà des stratégies d’adaptation.

… contre la sécheresse

Pour prévenir le gel au printemps ou pour combattre la sécheresse en été, de plus en plus de producteurs implantent des systèmes d’irrigation, notamment pour la production de pommes de terre et de bleuets. Cette pratique, qui est peu répandue en ce moment, gagnera en popularité au cours des prochaines décennies. Pour lutter contre la sécheresse, de plus en plus de producteurs s’arrangent pour maintenir l’humidité du sol, en laissant plus de résidus lors de la coupe ou en implantant des cultures de couverture.

… contre les excès de pluie

Dans plusieurs régions du Québec, le drainage est devenu une nécessité. Dans certains cas, les agriculteurs optent même pour la culture sur buttes pour éviter les excès d’eau.

Agriculture 2080_Foin
L'adaptation reste la clé en agriculture pour faire face aux changements climatiques. (© Guillaume Roy / Unpointcinq)

… contre le vent

Les haies brise-vent font désormais partie du paysage agricole québécois et leur nombre devrait continuer d’augmenter. Ces arbres plantés en rangées permettent de réduire l’érosion et la perte de fertilité des sols, tout en favorisant l’accumulation de neige qui protège les récoltes du gel en hiver.

… contre les insectes et les maladies

Selon l’Union des producteurs agricoles (UPA), un réseau d’avertissements phytosanitaires performant est nécessaire pour s’adapter à l’arrivée de nouvelles maladies, insectes et plantes envahissantes. L’arrivée de ces espèces nuisibles pourrait pousser les agriculteurs à utiliser davantage de pesticides. Toutefois, l’agriculture de précision, la diversification des cultures et la lutte intégrée, qui vise à minimiser l’utilisation de produits chimiques et maximiser la présence d’organismes bénéfiques, font partie des outils pour réduire les risques.

Les informations présentées dans cet article sont issues du Portrait de l’agriculture nordique du Québec dans un contexte de changements climatiques, un mémoire de Gaétan Pierre, étudiant à la maîtrise à l’Université de Sherbrooke, et du mémoire Adaptation aux changements climatiques, mesures de réduction des gaz à effet de serre et impact de la tarification du carbone dans le contexte agricole du Québec, un mémoire présenté par l’Union des producteurs agricoles au Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts.