Livre papier ou liseuse : lequel a le meilleur bilan carbone?

bilan carbone d'une liseuse électronique et d'un livre papier
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25 janvier 2019 - Aurélie Lagueux-Beloin, Du tyrannosaure au climat

La cloche sonne et l’arbitre donne le coup d’envoi du match. Dans le coin droit du ring, le bon vieux livre aux pages cornées observe sa jeune et rutilante adversaire, la liseuse. La foule gronde et les paris sont ouverts : lequel des deux gagnera le combat du plus faible impact climatique?

La meilleure façon de départager les adversaires est de comparer leur empreinte carbone. Autrement dit, quelle quantité de gaz à effet de serre est produite pour la fabrication d’un livre et pour celle d’une liseuse?

Les chiffres ne mentent pas : le livre demeure le choix le plus sûr! Il est – presque – inusable, peut passer de lecteur en lecteur, et son empreinte carbone est relativement faible. Toutefois, le livre numérique peut être un choix écologique pour les grands boulimiques de lecture! En maximisant l’utilisation de sa liseuse pendant plusieurs années, un lecteur assidu – qui achète plus d’un livre neuf par mois – peut atteindre le même bilan sur papier qu’à l’écran.

bilan carbone d'une liseuse électronique et d'un livre papier
Infographie : Marie Leviel.

Le papier, un réservoir de carbone

Une équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi a décortiqué le cycle de vie d’un livre depuis les coupes forestières faites par l’industrie des pâtes et papiers jusqu’à ses derniers moments dans le bac de recyclage ou au dépotoir. En déterminant les quantités de gaz à effet de serre émises à chaque étape de la production, les chercheurs ont minutieusement calculé son empreinte carbone.

Selon eux, la production d’un livre de poche fabriqué aux États-Unis ou au Canada produit 2,71 kg de CO2. « Les différentes étapes de la vie d’un livre ne pèsent pas toutes aussi lourd dans la balance : la majorité des émissions de CO2 proviennent de la fabrication de la pulpe, vierge ou recyclée, et du papier », précise l’un des auteurs de l’étude, Claude Villeneuve, titulaire de la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. 

Gardons toutefois en tête que l’empreinte carbone des livres varie. « Les usines de pâtes et papiers québécoises sont majoritairement alimentées par des centrales hydroélectriques, dont l’empreinte est faible. Aux États-Unis, les centrales au charbon pèsent bien plus lourd », note le chercheur. La distance entre les différentes étapes du cycle de vie d’un livre joue aussi : le passage par l’entrepôt d’un détaillant en ligne peut faire grimper son kilométrage.

Fait intéressant, lorsqu’un livre atterrit sur les tablettes d’une bibliothèque, il devient un réservoir à carbone. « Tous les livres qui garnissent ma bibliothèque depuis des années stockent le carbone au lieu de le relâcher dans l’atmosphère, souligne Claude Villeneuve. Avec ma collection de livres, j’emprisonne une partie des gaz à effet de serre inhérents de mes livres. »

L’ascension du numérique

Si les livres poussent dans les arbres, ce n’est pas le cas des liseuses! Leur fabrication requiert de nombreuses ressources, dont du minerai pour leurs composantes électroniques. En passant le cycle de vie d’une liseuse au peigne fin, de l’extraction de la matière première au recyclage des pièces, on aboutit à une empreinte carbone de 120 à 160 kg de CO2 pour l’iPad Pro d’Apple, selon l’entreprise à la pomme, et d’environ 170 kg de CO2 pour la Kindle d’Amazon, d’après une étude de la firme américaine Cleantech.

Après quatre ans d’utilisation intensive (durée de vie moyenne d’un iPad, selon Apple), l’empreinte carbone d’une liseuse correspond donc à celle de 45 à 65 livres neufs selon l’appareil. Pour que la liseuse remporte le match, il faut que son propriétaire achète au minimum un livre par mois!

La botte secrète du livre

Loin de jeter l’éponge, le bon vieux bouquin a encore quelques coups en réserve pour son adversaire. Presque la moitié des Québécois empruntent leurs livres à la bibliothèque ou à leur entourage. Les livres n’étant pas à usage unique, il faut donc prendre en compte que plusieurs lecteurs se partageront un même ouvrage. L’empreinte carbone du livre papier est donc encore plus petite, et la pente de plus en plus difficile à remonter pour la liseuse!

En attendant les innovations technologiques qui pourraient diminuer notablement l’impact carbone des liseuses, le livre n’a pas à s’inquiéter : il n’est pas prêt de céder sa ceinture!