Dossier spécial : Dompter l'écoanxiété , partie 2

De l’écoanxiété à l’écospiritualité

Groupe de personnes s'amusant à l'extérieur au coucher du soleil
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©Shutterstock/Tijana Moraca

Afin de calmer leur écoanxiété, certaines personnes ont décidé de renouer avec la nature en prenant une voie spirituelle. Des rituels dont l’efficacité n’a pas nécessairement été confirmée par la science, mais vers lesquels de plus en plus de gens se tournent pour trouver un sens à leur vie malgré la crise climatique. Survol d’une tendance émergente.

Après avoir fait de la méditation bouddhiste durant 20 ans, Marie-Jo Ouimet a commencé à se tourner vers des approches en écospiritualité. Le concept d’écospiritualité fait le lien entre le spirituel et l’écologie comme une expérience intérieure personnelle, au sein d’une religion ou non. « J’avais besoin de me rapprocher de la terre mère. C’est vraiment un cheminement personnel », résume celle qui se décrit comme « extrêmement écoanxieuse. »

Œuvrant comme médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, elle estime avoir pris conscience de l’ampleur des enjeux climatiques dans le cadre de son travail. « Ma démarche écospirituelle m’aide à passer au travers », confie-t-elle.

Le recours à la spiritualité découle souvent d’une quête de sens, explique Christian Bellehumeur, professeur titulaire à l’École de counselling, psychothérapie et spiritualité de l’Université de Saint-Paul, à Ottawa. Celui qui est également psychologue travaille aussi chez Eco-Visions, un regroupement pluridisciplinaire de chercheurs et chercheuses qui étudient les expériences vécues et les perceptions des adultes canadiens des changements climatiques.

« Dans les définitions de la spiritualité, ce qui ressort beaucoup, c’est le sens et la connexion. Les gens qui s’identifient comme spirituels vont souvent dire “ma vie a du sens” ou “je me sens en connexion”. Ça peut être avec l’univers, une énergie, le monde autour de soi. Mais ils ne se sentent pas isolés », explique celui qui mène des travaux depuis plus de 15 ans sur la théorie durandienne de l’imaginaire, la psychologie positive et la psychologie de la religion et de la spiritualité.

Des approches encore peu étudiées

 
Parmi les approches privilégiées par les personnes qui se tournent vers des rituels écospirituels, il y a celle du « travail qui relie », élaborée par la militante écologiste Joanna Macy. Marie-Jo Ouimet s’est penchée sur cette pratique dans sa démarche spirituelle personnelle. « C’est vraiment un travail collectif, toujours en groupe. C’est une façon de regarder nos émotions, de les transformer. C’est de choisir une voie qui va contribuer à améliorer l’état de notre monde », décrit Marie-Jo, qui s’intéresse également aux mouvements néopaïens, dont les rituels s’inspirent des cycles de la nature, pour apaiser son écoanxiété.

Marie-Jo Ouimet
Marie-Jo Ouimet ©Courtoisie

Ça m’a aidée d’une part à gérer mon écoanxiété. D’autre part, quand on est capables de partager un peu le fardeau avec d’autres et de voir qu’ils se mobilisent, qu’on n’est pas tout seuls, ça a de gros bienfaits sur l’écoanxiété.Marie-Jo Ouimet, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive

Toutefois, on manque de données probantes pour prouver l’efficacité de ces pratiques écospirituelles afin de soulager l’écoanxiété. Selon un article paru en 2021 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, les approches comme l’écothérapie sont de plus en plus utilisées en tant que solutions thérapeutiques pour des patients et patientes en santé mentale. L’écothérapie est une forme de thérapie dans laquelle la nature joue un rôle dans un processus visant à promouvoir la santé mentale et le bien-être. « Mais il existe peu de données sur les coûts et avantages potentiels de l’écothérapie, ce qui rend difficile de proposer des évaluations solides de son rapport coût-efficacité », écrivent les chercheurs de l’Université d’York au Royaume-Uni qui ont signé l’article.

Au Québec, l’Ordre des psychologues n’a pas émis de position officielle sur le terme « écopsychologie », et son utilisation n’est pas réservée par la loi. « Cela étant dit, rappelons que les membres de l’Ordre sont tenus d’exercer leur profession selon des principes scientifiques et professionnels généralement reconnus et de façon conforme aux règles de l’art en psychologie, a répondu un porte-parole de l’ordre professionnel par courriel à Unpointcinq. Le terme « psychologie » n’est pas un terme réservé, il serait donc légal de dire qu’on a une expertise en écopsychologie, mais il est illégal de se présenter comme « écopsychologue » au Québec si l’on n’est pas inscrit au tableau des membres. »

L’Ordre n’a pas non plus analysé les travaux de Joanna Macy. « L’Ordre procède à l’analyse des activités de perfectionnement destinées aux psychologues pour satisfaire leur obligation de formation continue. Selon nos informations, Joanna Macy n’a pas soumis ses activités à des fins de reconnaissance par l’Ordre », ajoute le porte-parole.

Selon Christian Bellehumeur, les études sur les effets confirmés ou infirmés des approches en écopsychologie risquent d’augmenter au cours des prochaines années. « Les étudiants veulent faire des sujets là-dessus en recherche. S’ils sont écoanxieux, ils vont avoir envie de trouver des façons de répondre à la problématique », avance-t-il.

Pour Marie-Jo Ouimet, le fait de se tourner vers certaines pratiques écospirituelles sur le plan personnel a été pour elle « d’un grand apaisement ». « Ça m’a aidée d’une part à gérer mon écoanxiété. D’autre part, quand on est capables de partager un peu le fardeau avec d’autres et de voir qu’ils se mobilisent, qu’on n’est pas tout seuls, ça a de gros bienfaits sur l’écoanxiété », estime-t-elle.

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