Par Olivier-Roy Baillargeon



Dans 30 ans, j’aurai 63 ans. Ma fille en aura 33, comme moi en ce moment. Si elle a un enfant au même âge que moi, je serai grand-père.

Même si j’aurai fort probablement les cheveux blancs et le visage tout ridé, je serai toujours marathonien. Mon rêve, c’est que nous puissions sortir courir, trois générations réunies, très régulièrement, et que je serai encore assez en forme pour les suivre, au moins jusqu’à ce que mes petits-enfants deviennent des marathoniens eux-mêmes.

Dans 30 ans, j’espère que ma fille connaîtra comme moi l’authenticité de la simplicité volontaire et le bonheur d’un mode de vie actif, d’une alimentation saine et d’une véritable auto-mobilité sans voiture ni permis de conduire. Qu’elle tirera sa joie, sa fierté et son épanouissement du bagage de connaissances, de valeurs et de principes que nous lui aurons transmis et qu’elle transmettra à son tour.

Dans 30 ans, même si les voitures sont électriques, autonomes ou volantes; même si l’industrie pharmaceutique invente un médicament sans effets secondaires qui comble tous les besoins nutritionnels, protège la santé et dispense de s’alimenter ou de faire de l’exercice; et même si les technologies de l’information et des communications permettent de vivre un tas d’expériences en réalité virtuelle sans sortir de chez soi – j’espère que le Québec sera redevenu une société où les gens marchent, courent ou pédalent pour se déplacer, cuisinent et font de l’activité physique quotidiennement pour le plaisir de bouger et se rassemblent fréquemment pour échanger, se divertir et grandir, tant individuellement que collectivement.

Quelles étaient les prophéties des penseurs, en 1990, quant à l’état du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui? Je serais extrêmement étonné d’apprendre qu’ils avaient anticipé l’ubiquité des téléphones intelligents, la sur-utilisation des écrans, l’ampleur de la dépendance automobile, l’omniprésence de la malbouffe, la généralisation de la sédentarité et la pandémie d’obésité qui y est associée. Je ne sais pas à quoi ressembleront concrètement nos modes de vie et de déplacement, dans 30 ans, mais je demeure optimiste et confiant que l’avenir nous réserve de belles surprises à ces égards. Et je fais ma part, quotidiennement, pour que ma fille et ma famille contribuent à faire naître l’étincelle qui entraînera ce renversement.