Dossier spécial : Premiers de classe , partie 3

Non à la dictature des listes scolaires!

listes scolaires décarbonées - illustration Sébastien Thibault
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© Sébastien Thibault

22 août 2019 - Maxime Bilodeau, En paix avec ses contradictions

Ah, la rentrée scolaire et la fameuse corvée des fournitures à acheter et racheter chaque année. Un vrai fléau pour le climat, quand on y pense bien. Pour y remédier, des enseignants du primaire et du secondaire ont décidé d’agir pour réduire l’empreinte carbone de leurs listes scolaires. On leur donne un A+!

Ne cherchez pas de pupitres ou de manuels scolaires dans la classe de Martin Giard, enseignant à l’école du Phénix, à Granby : il n’y en a pas! Ses élèves de deuxième année s’assoient autour de tables toutes simples pour y travailler, soit à partir de cahiers qu’il a lui-même confectionnés et reliés dans de rares duo-tangs (deux par enfant, pas dix), soit à même un tableau blanc interactif.

Plus de danger que le pupitre « mange » crayons, effaces et règles : ces fournitures sont désormais mises en commun et partagées par l’ensemble des enfants. En plus, on les puise à même les restes des cohortes précédentes. « Nous visitons les locaux informatiques sur une base régulière, ce qui réduit encore plus notre consommation de papier et de papeterie », indique cet adepte de la classe virtuelle, dont la démarche est doublement bénéfique, et pour le climat et pour le portefeuille des parents.

listes scolaires - classe de Martin Giard
La classe « dépouillée » de Martin Giard.

Le coût total de sa liste de fournitures à faible empreinte carbone n’a pas dépassé 10 $ par élève lors de la dernière année scolaire (2018-2019). En comparaison, les parents d’un élève de deuxième année ailleurs au Québec peuvent débourser plus de 100 $ pour se procurer l’ensemble des articles et des manuels demandés par l’enseignant et acquitter les frais de photocopie.

C’est par souci environnemental et, surtout, pour rehausser la qualité de son enseignement que Martin Giard a réduit au minimum le matériel utilisé en classe. Son approche l’a amené à explorer les concepts de classe sans papier et de classe inversée (ou de cours à la maison et de devoirs en classe) ainsi qu’à dynamiser ses cours à l’aide des nouvelles technologies. « Qui a dit que l’école devait être plate? Ce n’est pas obligatoire, vous savez », affirme ce père de famille.

Listes scolaires école du Phénix
La liste légère des deuxièmes années de l'école du Phénix.

Cette année, cinq de ses consœurs dresseront elles aussi une liste allégée de fournitures scolaires pour leurs élèves de deuxième année. « À force de me voir aller et d’échanger, elles ont eu le goût d’embarquer. Notre liste commune comptera six articles et quelques autres frais, pour un total de 30 $ », explique Martin Giard, qui a accepté de faire un compromis pour permettre une certaine harmonisation. « Il paraît que j’étais trop extrême! »

Ce bon vieux cahier Canada

Marie-Pierre Brulotte a dit bye bye aux gros manuels scolaires en français et en mathématiques. L’enseignante de cinquième année à l’école Saint-Dominique de Lévis leur préfère des recueils maison et de simples cahiers Canada, faits à 100 % de matériaux recyclés. « Nous pouvons en passer huit ou neuf par année. Et ils sont remplis “d’un couvert à l’autre” en juin! » jure celle qui cumule plus de 15 ans d’expérience en enseignement.

C’est la volonté de s’affranchir de la tradition des cahiers d’exercices qui l’a d’abord incitée à poser ce geste. Qu’il ait entraîné une consommation moindre de papier n’est qu’un bienfait collatéral. « Je m’adapte aux besoins des élèves plutôt que de me laisser dicter une marche à suivre par un ouvrage didactique. Je suis une partisane des routines mathématiques [des exercices simples et courts reprenant des notions déjà vues], qui permettent de maximiser les apprentissages », se justifie-t-elle.

L’enseignante a aussi dit adieu aux communications papier. Lorsqu’elle doit informer les parents, c’est par Internet que ça se passe, et non plus par des billets qui se perdent dans les sacs à dos. « Je leur envoie des fiches-suivi par l’entremise du portail de cours, puis ils me les retournent de la même manière. Peu sont réticents à mes méthodes d’apprentissage : ils adhèrent de gaieté de cœur, même s’ils ont connu autre chose à leur époque », remarque-t-elle.

Fournitures à la poubelle : wôôô, minute!

Crayons à peine entamés, reliures à anneaux encore bonnes, feuilles mobiles vierges… C’est la même rengaine à la fin de chaque année scolaire : tous ces articles prennent le chemin de la poubelle lors du rituel nettoyage des casiers. C’est pour contrer ce gaspillage éhonté que Miriana Pointel-Abeto, alors élève de cinquième secondaire à l’École internationale de Montréal (EIM), a fondé la Coop EIM en 2017. Son idée est à la fois simple et efficace : mettre des caisses à la disposition des étudiants, qui y déposent les articles réutilisables. En tout, c’est une vingtaine de bacs remplis à ras bord de fournitures diverses qui sont revendues à prix dérisoire la rentrée suivante.

« Miriana est venue cogner à ma porte pour me demander conseil. C’est une rassembleuse qui était membre du comité vert de l’école. Je ne pouvais pas ne pas l’écouter », se souvient Marie-Claude Roy, animatrice à la vie spirituelle et à la vie communautaire à l’EIM, qui a accompagné Miriana dans sa démarche. Du temps manifestement bien investi : la Coop EIM a été finaliste nationale dans sa catégorie au Défi OSEntreprendre, en plus d’être élue « projet coup de cœur » de la Commission scolaire de Montréal.

listes scolaires Coop EIM
L'impressionnante récolte de la Coop EIM.

Mieux encore, le projet se poursuit. La Coop EIM, aujourd’hui greffée au Magasin du Monde de l’École internationale de Montréal, est toujours gérée à 100 % par les élèves de l’établissement. Achats, comptabilité, réinvestissement des profits : ils s’occupent de tout, pour le plus grand bien de leurs 550 camarades des différents cycles… et du compte en banque de leurs parents! « Il faut des adultes pour croire aux projets des jeunes et les accompagner dans leur réalisation. La Coop EIM en est le meilleur exemple », estime Marie-Claude Roy.