Mobilité durable : plus qu’un choix de mode de transport!

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©Marc Bruxelle/shutterstock
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20 décembre 2021 - Jérôme Laviolette, Spécialiste de notre dépendance individuelle et collective à l'auto

Beaucoup d’efforts sont déployés et d’argent investi actuellement pour favoriser la mobilité durable en offrant des solutions de rechange conviviales à l’automobile (ex. : REM, prolongement du métro, Réseau structurant à Québec, développement des réseaux cyclables), notamment pour les déplacements domicile-travail ou domicile-lieu d’étude.

À plus long terme, cependant, la transition collective vers un système de mobilité plus durable et moins centré sur l’automobile demandera des changements plus profonds qu’un simple transfert modal de certains déplacements. À l’échelle individuelle, nous devrons revoir des décisions que nous prenons à différents moments de nos vies (choix de quartier, choix de motorisation, choix de lieux d’activités régulières). À l’échelle de la société, il faudra revoir l’aménagement du territoire et la localisation des lieux d’activité afin de minimiser les distances et les besoins en déplacements automobiles. C’est ce que visent justement des concepts comme la ville à échelle humaine ou la ville du quart d’heure.

Un choix de mode de vie avant tout

Sur le plan individuel, le choix de notre lieu de résidence est en partie guidé par le style de vie auquel nous aspirons, basé sur nos valeurs, les influences sociales et les expériences qui ont forgé nos préférences (grande ou petite maison, grand ou petit terrain, quartier animé ou tranquille, proximité avec la nature ou avec les proches, proximité des commerces et des lieux d’emploi, etc.). Je précise « en partie », car, évidemment, la question financière est importante. L’état actuel du marché immobilier contraint beaucoup de ménages à faibles et à moyens revenus à des choix de localisation qui ne correspondent pas nécessairement à leurs préférences.

Ce choix affectera ensuite grandement les besoins en motorisation : combien de voitures mon ménage doit-il posséder pour répondre à ses besoins de mobilité? Dans un milieu sans autres options de transport que l’auto, chaque adulte aura besoin d’un véhicule. Dans un quartier plus accessible à pied, à vélo et en transport collectif et où existent des services d’autopartage, une famille, même avec enfants, peut choisir de vivre sans posséder de voiture. Mais la décision peut aussi se prendre dans l’ordre inverse : j’aimerais pouvoir vivre sans voiture ou avec un seul véhicule, donc, quels sont les quartiers qui me permettent d’adopter ce style de vie?

Changer nos comportements de mobilité nécessite plus que de simplement se demander comment nous pouvons remplacer l’auto par un autre mode de transport. Il faut aussi se demander comment on peut repenser ses lieux d’activités de façon à ne pas avoir besoin de la voiture pour s’y rendre.
Jérôme Laviolette

Par la suite, nos choix de motorisation vont grandement affecter nos choix de destinations et d’activités. Ceux qui ont toujours possédé un véhicule même s’ils habitent dans des quartiers urbains centraux peuvent trouver inconcevable de vivre sans voiture parce que leurs destinations régulières ont été pensées en fonction de l’accessibilité en voiture. Ces personnes se disent : « Je dois posséder une voiture parce que je ne pourrais pas me rendre à ces activités par un autre moyen dans un délai raisonnable. » Pour certaines activités c’est sans doute vrai, mais pour d’autres un peu moins, car plusieurs destinations possibles existent. L’épicerie est un bon exemple.

Faire l’épicerie, une expérience à géométrie variable

Pour beaucoup, faire l’épicerie est une corvée du samedi matin qui consiste à prendre sa voiture pour aller passer d’une à deux heures dans une grande surface afin d’acheter la nourriture nécessaire pour une ou deux semaines. D’ailleurs, la question qu’on pose souvent à une famille avec enfants sans voiture est : « Mais comment vous faites pour l’épicerie? »

Lorsqu’on vit sans voiture, faire l’épicerie est une expérience différente, mais pas forcément plus contraignante. Il peut s’agir de s’arrêter plusieurs fois par semaine dans des épiceries ou fruiteries locales, situées sur le chemin du retour à pied, à vélo ou en transport en commun pour y acheter les aliments frais nécessaires aux prochains repas. On peut compléter avec des paniers bio livrés chaque semaine à domicile ou à proximité. Évidemment, cela n’exclut pas un déplacement vers une grande surface à l’occasion pour profiter de rabais sur des aliments et des denrées non périssables.

Le concept peut s’appliquer à toutes sortes d’autres activités (magasinage, activités sportives, activités parascolaires des enfants, restos, etc.) pour lesquelles plusieurs options de destination existent. Changer nos comportements de mobilité nécessite plus que de simplement se demander comment nous pouvons remplacer l’auto par un autre mode de transport. Il faut aussi se demander comment on peut repenser ses lieux d’activités de façon à ne pas avoir besoin de la voiture pour s’y rendre. Il est vrai que ce n’est pas toujours possible, car en ce moment l’accès sans voiture est très variable d’un quartier à l’autre. À titre d’exemple, dans les quartiers centraux de Montréal, 92 % des ménages ont accès à au moins une épicerie ou une fruiterie à moins de 10 minutes de marche et plus de 75 % ont trois options. Par contre, dans l’Ouest-de-l’Île, à Laval et à Longueuil, 54 % ont une seule épicerie à cette distance et seulement 15 % ont plus de trois options*. Ce qui nous ramène à l’importance de tenir compte du transport quand vient le temps de choisir un lieu de résidence. Un sujet que j’aborderai dans un futur billet.

À l’échelle de la société, cet exemple illustre le besoin crucial d’agencer l’aménagement du territoire avec l’offre de transport pour rendre la vie de tous les citoyens moins dépendante de l’automobile.

* Les données proviennent de mes récents travaux doctoraux en cours de publication.

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